Campagnols et végétation en version sous-terraine : la suite du programme !

Au-delà de ce qu’il se passe en surface, qui n’est que la partie immergée de l’iceberg, il s’agit aussi d’aller voir sous terre.

Après avoir pris de la hauteur sur la végétation, nous allons donc rejoindre le campagnol chez lui, à l’aide du fameux « campascope » développé pour l’occasion.

L’idée est de proposer 3 plantes rencontrées et consommées couramment par le campagnol dans les prairies : pissenlit, trèfle blanc et dactyle aggloméré. A l’aide de la caméra du dispositif, nous pourrons enregistrer les choix des animaux, en fonction de la saison et de la composition botanique autour de leurs colonies (habitudes alimentaires).

Une fois cela fait, les animaux seront prélevés, pour tout connaitre de chaque colonie étudiée : statut reproducteur, structure de population (nombre de femelles, mâles, jeunes), statut sanitaire grâce à une collaboration avec des collègues vétérinaires de Lyon.

En répétant l’opération sur les 4 saisons et différents types de parcelles, nous connaitrons mieux les habitudes alimentaires des animaux et les contraintes physiologiques auxquelles ils sont soumis.

Le comportement alimentaire en fonction de la saison peut conforter des stratégies de lutte et peut-être donner de nouvelles pistes d’action contre les pullulations : saison pour piéger/traiter, type d’appât en fonction des parcelles, type de parcelle à traiter en priorité…

Le dispositif expérimental permettra également de tester d’autres aliments ultérieurement.

Campagnols et végétation vus du ciel, la suite…

Ça y est, l’installation des colonies au printemps en fonction des pissenlits sur les parcelles a été étudiée de près par Marion Buronfosse, épaulée par Adrien Pinot son maitre de stage.

Elle a pu montrer que les campagnols s’installent préférentiellement sur les zones denses en pissenlit des parcelles et délaissent les zones les moins densément fournies. Ce phénomène s’observe à une échelle plus petite que la parcelle, cohérente avec les stratégies et capacités de déplacement des animaux. Le rayon d’influence est de l’ordre de 2,5 mètres.

Reste à tester si l’installation des campagnols peut être manipulée à l’échelle d’une parcelle grâce à cette donnée, afin de faciliter la lutte contre les pullulations. L’effet d’implantation de bandes semées en pissenlit sera testé dans une prochaine étape (année 2022/2023), en essayant différentes configurations compatibles avec une utilisation agricole réaliste.

Ce travail met également en avant la possibilité de détecter plus en amont les dynamiques et futures zones d’installation des campagnols grâce à des photos aériennes. Ceci pourrait aider les organismes chargés de veille à affiner leur travail de prédiction et à organiser plus précocement des luttes concertées selon les zones géographiques.

Le détail du travail de Marion est disponible dans son rapport de stage :

2021-BURONFOSSE_Marion-memoire-diffusion-1

Et pour le suivi à plus long terme :

Pour faire suite aux suivis réalisés ce printemps et cet été, une nouvelle de série de photos aériennes va permettre cet automne de conclure la saison 2021 et de connaitre la progression des colonies de campagnols tout au long de l’année sur la zone d’étude. La dynamique d’installation des colonies pourra ainsi être testée en fonction de la nature et l’utilisation de la parcelle : typologie de la prairie selon les critères prairies naturelles AOP, proportions de certaines espèces, utilisations agricoles, pratiques de lutte utilisées, etc…

Partie remise pour les piégeages

A cause de la météo orageuse et des problèmes logistiques associés, puis de la saison de fauche perturbée par les pluies, les piégeages de l’été n’ont malheureusement pas tous pu être réalisés comme programmé, mais de nouveaux piégeages seront effectués cet automne. Les analyses des différentes organisations de populations de campagnols terrestres seront alors disponibles.

Travail des étudiants ingénieurs sur le liens entre les pratiques agricoles et les populations de pissenlits

Dans cette vidéo, un groupe de 4 étudiants ingénieur agronome vous présentent le travail qu’ils ont fait durant ce printemps. Ils ont croisé des enquêtes sur les pratiques des agriculteurs avec des relevés de botaniques pour identifier les pratiques qui favorisent les espèces appétantes pour les campagnols.

Dans le cadre de ce travail, nous leur avons demander de faire une petite vidéo pour expliquer leur démarche et leurs résultats :

RQ : Ils n’ont pas eu le temps d’analyser la totalité de leurs données et leur résultats se sont focalisés sur la population de pissenlits. Les résultats doivent encore être affiné, il est possible que l’on soit passé à coté d’informations en raison d’un nombre trop restreint de parcelles (n=31)

Résultats phares; les pissenlits préfèrent la fauche ou les pâtures avec un fort chargement. L’azote, qu’il soit apporté sous forme minérale, de fumier ou de lisier n’a pas l’air d’avoir un effet fort sur les parcelles échantillonnées. Il est dès lors envisageable que l’espace au sol (après fauche, en cas sur chargement important) soit le facteur le plus important pour que la population de pissenlit s’installe fortement…

Merci à Manon, Robin, Gwenaëlle et Nicolas.