A l’échelle individuelle, le pissenlit est une ressource phare !
En hiver au moins, mais possiblement sur des périodes plus étendues, les campagnols stockent des végétaux dans des silos. Ceux-ci sont enterrés, et suffisamment bien fait pour que les racines n’y pourrissent pas. Nous avons analysé la composition floristique des silos trouvés en Auvergne lors de nos campagnes de piégeage (nos résultats sont similaire à ceux observés par Airoldi en Suisse dans les années 90, et concordent avec des observation récentes dans d’autres régions [suisse toujours, franche comté]).
Nous avons aussi analysé les fragments d’ADN que l’on retrouve dans les estomacs des animaux que l’on a capturé durant l’été pour voir si les pissenlits rentrent aussi dans le régime alimentaire durant cette période. Les résultats montrent que l’on trouve toujours des séquences ADN de pissenlit en été, et que l’on les trouvent en plus grande proportion que ce qui est présent dans l’environnement du campagnol. Les campagnols le considérerait aussi comme un met de choix durant cette période.
Nous avons aussi testé de mettre des pissenlits à disposition d’animaux vivants dans des cages, ou directement sur le terrain. Nous avons offert plusieurs choix de végétaux en parallèles. Nous avons observé que les campagnols mangent toujours les pissenlits et en priorité dans la majorité des cas.
A noter qu’en cage et s’il ont le choix, les campagnols ne mangent pas les racines de pissenlits. Les stocks que l’on observe dans les silos sur le terrain pourraient être fait pour passer la mauvaise période (nos topinambours pendant la guerre) ou, hypothèse également séduisante, pour que les femelles puissent effectuer leur première reproduction au printemps avant la pousse de l’herbe (on observe les premières naissances en mars – avril).
A l’échelle parcellaire, le taux de croissance des campagnols entre mars et octobre très corrélé positivement à la densité de pissenlits
On observe sur le graphique ci-dessous que les taux de croissances sont très faibles s’il n’y a pas de pissenlits et fort quand il y a beaucoup de pissenlit. Il faut savoir que durant cette période ou les animaux se reproduisent, le taux de croissance est très corrélé au nombre d’animaux qui vont s’installer dans la parcelle. En effet, les campagnols vivent en petit groupe familiaux (1 couple, ou 2 femelles et un mâle), et les jeunes quittent le réseau de galerie parental pour créer le leur dans leurs premiers mois de vie. Dans les relevés que l’on a fait, le nombre de pissenlit est le meilleur descripteur du taux de croissance (lorsqu’il y a des pissenlits, la population augmente, lorsqu’il n’y a pas de pissenlits, la population décline). Lors des déclins, les animaux se reproduisent, sont de taille et de poids normaux, pourtant, la population va décroitre entre mars et octobre. Nous pensons que les jeunes animaux se dispersent et migrent vers d’autres parcelles lorsque celle de leurs parents n’ont plus de pissenlits. On observe par ailleurs que les populations issue des parcelles qui ont déclinées semblent plus vieilles, ce qui serait la conséquence de ce recrutement différentiel.
A l’échelle parcellaire, on observe des déclins de population de pissenlits durant les pullulations de campagnols
On observe sur le graphique ci-dessous que le nombre de fleurs de pissenlits au printemps d’une année sur l’autre est impacté par le nombre de campagnols qui passent l’hiver sur la parcelle. Lorsqu’il n’y a pas de campagnols, le nombre de fleurs de pissenlits a tendance à augmenter. A l’inverse, lorsqu’il y a des campagnols, on observe le nombre de fleurs qui diminue. Il semblerait donc que les campagnols puissent faire diminuer drastiquement la population de pissenlit lorsqu’ils sont nombreux sur une parcelle.
A l’échelle paysagère, que sait-on ?
A l’échelle paysagère, on observe des pullulations de campagnols. On observe une hétérogénéité importante des populations de pissenlits comme de campagnols. On observe aussi des années à pissenlits, et d’autres avec beaucoup moins. Nous essayons de voir si ces observations sont corrélées et pour ce faire, nous avons besoin de données ce printemps que nous ne pourrons aller chercher nous même en raison du confinement. Nous souhaitons essayer de calibrer la relation enter des photos satellitaires gratuites (sentinel) et les densités de pissenlits pour pouvoir observer ses populations à l’échelle paysagère (ci-dessous, un exemple de prédiction du nombre de fleurs de pissenlits faite à partir des données sentinelles 2019).
Nous avons commencé ce travail en 2018 et nous avons obtenu des résultats intéressants. Participez avec nous à ce travail ! Cela nous permettra peut être de mieux gérer les campagnols à l’avenir, la l’échelle paysagère mais aussi à l’échelle de vos parcelles. Si nos résultats sont confirmés, cela vous permettra aussi de savoir s’il est probable que la densité de campagnols augmente dans une parcelle donnée, ou si le déclin est arrivé. Participer au protocole ne vous prendra pas très longtemps. Ce n’est pas très compliqué non plus. Tout est expliqué dans cette vidéo ou sur cette page.